Les chiffres font sourire les sceptiques : plus de 8 000 satellites Starlink en orbite, une valorisation qui s’envole, et des investisseurs institutionnels qui multiplient les approches. Pourtant, derrière cette croissance spectaculaire, le contrôle réel de Starlink reste un terrain de jeu réservé à une poignée d’acteurs. Les débats sur la redistribution du capital et la potentielle cotation en bourse ne sont pas près de s’éteindre. Les décisions prises aujourd’hui par SpaceX et ses partenaires historiques dessinent déjà une nouvelle cartographie du secteur spatial, bien loin des vieux schémas d’opérateurs nationaux ou de télécoms publiques.
Starlink en 2025 : une position dominante sur le marché spatial
Le basculement est net. Starlink n’est plus un outsider mais un pilier qui transforme l’internet par satellite. En 2025, la filiale de SpaceX orchestrée par Elon Musk marque son territoire avec une force rarement vue dans le secteur. Sa constellation compte désormais plus de 8 000 satellites en orbite basse (LEO), pulvérisant tout record précédent. Cette architecture confère à Starlink une avance inédite, que ses adversaires, qu’ils soient européens ou américains, tentent en vain de combler.
La stratégie de Starlink repose sur un choix radical : maîtriser la chaîne de bout en bout. Du moindre composant de satellite jusqu’au lancement grâce à ses propres lanceurs, la mainmise sur chaque maillon réduit les coûts et multiplie la cadence. Cette intégration verticale a bouleversé les habitudes :
- Une connectivité haut débit déployée dans des contrées oubliées des réseaux classiques, là où le câble ne passera jamais.
- Et ce n’est pas qu’un jeu de chiffres : les satellites Starlink sont renouvelés à un rythme effréné, modernisant sans cesse l’infrastructure, accroissant la fiabilité, réduisant la latence. Les autres acteurs, même regroupés derrière des projets étatiques, peinent à imiter ce renouvellement permanent.
Quelques éléments rendent cette domination tangible :
- Leader mondial de l’internet par satellite
- Plus de 8 000 satellites actifs dès 2025
- Une couverture planétaire, des régions en conflit jusqu’aux pôles
Cette dynamique change la donne : le jeu ne repose plus sur l’antériorité ou la possession des fréquences, mais sur l’agilité, la capacité à innover, à déployer vite et à grande échelle. Starlink réécrit les règles et le secteur spatial s’aligne, bon gré mal gré, sur ce nouveau tempo.
Qui détient vraiment Starlink ? Propriétaires, actionnaires et influence d’Elon Musk
Derrière la foule de satellites, un nom revient toujours : Elon Musk. Impossible de parler de Starlink sans évoquer sa prise ferme sur la société. Starlink n’est rien d’autre qu’une filiale sous contrôle de SpaceX, avec Musk à la manœuvre, fondateur, visionnaire, et actionnaire numéro un. Les autres investisseurs, très majoritairement américains, se sont positionnés sur SpaceX et non sur sa filiale Starlink. Le pouvoir se concentre donc dans le même cercle restreint.
Au sommet, la direction de SpaceX est réduite à quelques décideurs, réunis dans un conseil d’administration resserré. Rien n’avance sans l’assentiment de Musk. Malgré les coups de projecteur de la presse financière sur d’imposantes levées de fonds, la répartition exacte du capital reste bien gardée. Les chiffres publiés ici ou là ne font que confirmer la réalité : Musk garde la main et choisit la trajectoire.
Le serpent de mer d’une éventuelle entrée en bourse refait surface à intervalles réguliers. Pour l’instant, rien ne filtre du côté de Starlink : aucune action n’est disponible à l’achat, aucune part de la société n’est proposée directement au public. Seuls les actionnaires de SpaceX, déjà triés sur le volet, approchent la sphère décisionnelle. Cette structure verrouille de fait toutes les orientations industrielles et technologiques au sommet, où Musk conserve un droit de regard sans partage.
Quelles perspectives économiques pour les investisseurs et le secteur des satellites ?
L’équilibre du secteur s’est renversé. Starlink, avec sa multitude de satellites en orbite basse, imprime sa cadence et redéfinit à toute vitesse les lignes de force. Face à cette montée en puissance, l’Europe active une riposte structurée autour d’Eutelsat et de l’intégration de OneWeb.
Pour mieux saisir le paysage, il faut jeter un œil aux transformations de ces dernières années chez les protagonistes du secteur :
- Eutelsat, après avoir absorbé OneWeb, opère plus de 600 satellites et s’appuie résolument sur le soutien de l’État français, qui reste son principal actionnaire (environ 30 %), avec le Royaume-Uni en allié de poids.
- De nouveaux capitaux, à hauteur de 1,5 milliard d’euros, et une dette conséquente de 2,6 milliards, illustrent l’ampleur des ressources mobilisées pour ne pas se laisser distancer.
Pour ceux qui injectent de l’argent dans le secteur, la règle du jeu a changé : il ne suffit plus d’entasser des satellites, il faut décrocher d’énormes contrats publics qui vont faire la différence à long terme. Quelques cas concrets se révèlent emblématiques :
- Approvisionnement de terminaux internet à l’Ukraine
- Accord-cadre sur dix ans avec l’armée française
- Participation active au projet européen Iris2
En coulisses, de nouveaux groupes industriels, CMA CGM ou Bharti Space notamment, gagnent du terrain. Ils s’installent aux côtés de la Commission européenne, de l’Allemagne ou de l’Italie, tous focalisés sur la question de la souveraineté numérique. Peu à peu, le marché, auparavant émietté, se recentre autour de grandes alliances et de stratégies industrielles robustes. L’enjeu reste le même pour tous : garantir un accès sûr à l’internet par satellite et concurrencer la puissance cumulée de SpaceX et Starlink dans la durée.
Comparatif Starlink et concurrents : quelles opportunités et défis à anticiper ?
La compétition pour l’internet par satellite prend désormais la forme d’une bataille stratégique. Les dés sont jetés : les marchés publics et la sécurité numérique valent tout autant que la technologie pure. Starlink, taillé par 8 000 satellites et propulsé par la machine SpaceX, se positionne en référence inévitable.
Face à ce rouleau compresseur, l’Europe affûte ses armes. Eutelsat, soutenu par Paris et Londres, multiplie les actions : fournitures de terminaux aux zones sensibles, engagement sur le projet Iris2 piloté par l’Union européenne. Côté américain, Amazon se prépare à lancer le programme Kuiper pour bousculer encore davantage le marché de l’internet à haut débit par satellite.
Les autorités européennes affichent leur ambition de se libérer de l’emprise technologique américaine. Le programme Iris2, intégrant Eutelsat-OneWeb, symbolise ce regain de volontarisme. Mais la route est semée d’obstacles : la densité de la constellation Starlink, la réactivité industrielle de SpaceX et l’innovation récurrente des acteurs américains rendent l’écart difficile à combler.
Voici les principales difficultés que les rivaux devront surmonter :
- Allouer des investissements lourds à la recherche et au déploiement
- Démontrer la fiabilité et la sécurité de leurs solutions auprès des États et des grands comptes
- Bâtir des offres nouvelles capables de durer et de rivaliser sur les segments dominés par Starlink
La toile de la connectivité mondiale se tisse chaque jour sous nos yeux, poussée par une demande toujours plus exigeante pour un accès rapide, fiable et indépendant à l’internet spatial. Le ciel du futur sera tout sauf figé : chaque nouvelle mise en orbite redistribue les cartes et fait vaciller l’équilibre des puissances au-dessus de nos têtes.


